Le traitement de la douleur est souvent
n�cessaire pendant le travail et est indispensable pendant et apr�s
les interventions obst�tricales. Dans ce chapitre, il sera question
du traitement de la douleur : analg�siques et m�thodes de soutien
pendant le travail, anesth�sie locale, principes g�n�raux �
observer en mati�re d’anesth�sie et d’analg�sie, et analg�sie
post-op�ratoire.
LES ANALGESIQUES PENDANT LE
TRAVAIL
-
La perception de la douleur varie �norm�ment en fonction de l’�tat
affectif de la patiente. Pendant le travail, les soins de soutien
permettent de rassurer la patiente et de r�duire sa perception de
la douleur.
-
Si la douleur est tr�s p�nible, laisser la patiente
faire quelques pas ou s’installer dans une position confortable.
Encourager la personne qui l’accompagne � lui masser le dos ou
� lui �ponger le visage entre les contractions. L’encourager
� appliquer les techniques respiratoires et l’aider � prendre
un bain ou une douche chauds si elle le souhaite. Ces mesures
suffisent pour faire supporter la douleur du travail � la plupart
des femmes. Si n�cessaire, administrer :
- 1 mg de p�thidine par kg (mais pas plus de 100 mg) en IM ou
en IV, lentement, toutes les 4 h, en fonction des besoins ou 0,1
mg de morphine par kg en IM ;
- 25 mg de prom�thazine en IM ou en IV en cas de vomissements.
N’utiliser ni
barbituriques, ni s�datifs pour soulager l’anxi�t� pendant le
travail.
DANGER
Le risque en administrant de la p�thidine ou de la morphine �
la m�re est de causer une d�pression respiratoire chez le
b�b�. Dans ce cas, il convient d’utiliser de la naloxone comme
antidote.
Note : Ne pas administrer de naloxone au nouveau-n�
s’il est possible que la m�re ait r�cemment consomm� des
stup�fiants.
- D�s l’apparition des signes vitaux, lui administrer 0,1 mg
de naloxone par kg en IV ;
- Apr�s la r�animation, si l’enfant a une circulation
p�riph�rique suffisante, il est possible de lui injecter de
la naloxone en IM. Il peut �tre n�cessaire de renouveler l’injection
pour pr�venir une r�cidive.
-
Si le nouveau-n� ne pr�sente pas de signe de d�pression
respiratoire, mais que l’on a donn� de la p�thidine ou
de la morphine � la m�re dans les 4 h qui ont pr�c�d� l’accouchement,
l’observer attentivement � la recherche de signes de
d�pression respiratoire, et si de tels signes apparaissent,
traiter comme indiqu� ant�rieurement.
PREMEDICATION AVEC PROMETHAZINE ET DIAZEPAM
Une pr�m�dication est n�cessaire pour les interventions qui
durent plus de 30 minutes. Il faut adapter la dose au poids et � l’�tat
de la patiente et (le cas �ch�ant) du fœtus.
L’association de la p�thidine et du diaz�pam est courante, elle
consiste � :
-
administrer 1 mg de p�thidine par kg (mais pas plus de 100
mg), lentement, en IM ou en IV ou 0,1 mg de morphine par kg en IM
; et �
-
administrer du diaz�pam en IV par doses de 1 mg et attendre au
moins 2 minutes avant d’injecter la dose suivante. La s�dation
est suffisante et sans danger une fois que la paupi�re
sup�rieure de la patiente s’abaisse et couvre juste la limite
de la pupille. Il faut alors surveiller sa fr�quence respiratoire
toutes les minutes. Si la fr�quence respiratoire descend
au-dessous de 10 par minute, cesser toute s�dation ou
analg�sie.
Ne pas injecter le diaz�pam
et la p�thidine avec la m�me seringue car le m�lange forme un
pr�cipit�. Utiliser des seringues diff�rentes.
ANESTHESIE LOCALE
On utilise l’anesth�sie locale (lidoca�ne associ�e ou non �
de l’�pin�phrine) pour infiltrer les tissus et bloquer les nerfs
sensitifs.
- la conseiller et l’informer pour qu’elle coop�re le plus
possible et soit le moins inqui�te possible ;
- bien communiquer avec elle tout au long de l’intervention
et la rassurer, �galement par des gestes si n�cessaire ;
- prendre son temps et �tre patient car les anesth�siques
locaux ne font pas effet imm�diatement.
- tous les membres de l’�quipe chirurgicale doivent bien
conna�tre l’utilisation des anesth�siques locaux et �tre
exp�riment�s en la mati�re ;
- le personnel doit pouvoir acc�der aux m�dicaments et au
mat�riel d’urgence (mat�riel d’aspiration, � oxyg�ne ou de
r�animation) sans avoir � se d�placer ; les m�dicaments
doivent �tre pr�ts � l’emploi et les appareils en �tat de
marche, et toute l’�quipe chirurgicale doit �tre form�e �
leur utilisation.
LIDOCAINE
Les pr�parations de lidoca�ne (= lignoca�ne) ont g�n�ralement
une concentration de 1 ou 2% et il est n�cessaire de les diluer avant
de les utiliser (encadr� P-1 ci-dessous). Pour la plupart des interventions
obst�tricales, on dilue cette pr�paration � 0,5%, pour une
efficacit� maximale et une toxicit� minimale.
Encadr� P-1
Pr�paration d’une solution de
lidoca�ne � 0,5%
M�langer :
-
1 volume de lidoca�ne � 2% et
-
3 volumes de s�rum physiologique ou d’eau distill�e
st�rile (ne pas utiliser de solution glucos�e, car cela
accro�t le risque d’infection) ;
ou
|
EPINEPHRINE
L’�pin�phrine (= adr�naline) provoque une vasoconstriction
locale. Utilis�e avec la lidoca�ne, elle pr�sente les avantages
suivants :
r�duction de la perte de sang ;
prolongation de l’effet de
l’anesth�sique (g�n�ralement de 1 ou 2 h) ;
diminution du
risque de toxicit� gr�ce � un ralentissement de l’absorption
dans la circulation g�n�rale.
Si l’intervention ne n�cessite
l’anesth�sie que d’une petite surface ou demande moins de 40
ml de lidoca�ne, il n’est pas n�cessaire d’administrer de l’�pin�phrine.
Pour l’anesth�sie de surfaces plus grandes, surtout pour les
anesth�sies n�cessitant plus de 40 ml de lidoca�ne, il est
n�cessaire d’administrer de l’�pin�phrine pour diminuer la
vitesse d’absorption et, par cons�quent, r�duire la toxicit�.
La concentration optimale pour les solutions d’�pin�phrine est
de 1/200 000 (5 �g/ml), ce qui leur donne une efficacit� locale
maximale et un risque de toxicit� intrins�que minimal (tableau
P-3 ci-dessous).
Note : Il est extr�mement important de mesurer l’�pin�phrine
avec pr�cision en utilisant une seringue type seringue � BCG ou
� insuline. Les m�langes doivent �tre pr�par�s dans le
respect strict des mesures de pr�vention des infections.
Tableau P-3
Formules pour la pr�paration des solutions de
lidoca�ne � 0,5% ayant une concentration d’�pin�phrine de
1/200 000
| Quantit�
d'anesth�sique local n�cessaire |
S�rum
physiologique/lidoca�ne � 2% |
S�rum physiologique/lidoca�ne
� 1% |
Epin�phrine
� 1/1000 |
| 20 ml |
15 ml |
5 ml |
0.1 ml |
| 40 ml |
30 ml |
10 ml |
0.2 ml |
| 100 ml |
75 ml |
25 ml |
0.5 ml |
| 200 ml |
150 ml |
50 ml |
1,0 ml |
COMPLICATIONS
PREVENTION DES COMPLICATIONS
Tous les anesth�siques locaux sont potentiellement toxiques.
Toutefois, les complications graves des anesth�sies locales sont
extr�mement rares (tableau P-5). La meilleure fa�on de les
�viter est de les pr�venir. Pour ce faire, il faut :
�viter d’utiliser des concentrations de lidoca�ne
sup�rieures � 0,5% ;
lorsqu’on doit utiliser plus de 40 ml
de solution anesth�sique, y ajouter de l’�pin�phrine pour en
prolonger l’effet - les interventions pour lesquelles l’anesth�sie
est susceptible de n�cessiter plus de 40 ml de solution de
lidoca�ne � 0,5% sont la c�sarienne et la r�fection des
d�chirures p�rin�ales �tendues ;
utiliser la plus
petite dose permettant d’obtenir l’effet recherch� ;
ne
pas d�passer la dose maximale qui est de 4 mg/kg pour la
lidoca�ne seule et de 7 mg/kg pour une solution de lidoca�ne
m�lang�e � de l’�pin�phrine pour un adulte - l’effet
anesth�sique doit durer au moins 2 h au bout desquelles on peut,
le cas �ch�ant, donner une nouvelle dose (tableau P-4,
ci-dessous).
Tableau P-4
Doses maximales pour les anesth�siques locaux
| Anesth�sique |
Dose
maximale (mg/kg) |
Dose
maximale pour un adulte de 60 kg (en mg) |
| Lidoca�ne |
4 |
240 |
Lidoca�ne + �pin�phrine
1/200 000 (5�/ml) |
7 |
420 |
- la
technique consistant � faire bouger l’aiguille (recommand�e
pour l’infiltration tissulaire) tout au long de l’injection,
ce qui rend impossible la p�n�tration d’une quantit�
importante de solution dans un vaisseau ;
- la technique
consistant � tirer le piston (recommand�e pour l’anesth�sie par
bloc nerveux, lorsque l’on injecte une grande quantit� de
solution en un seul endroit) avant l’injection et, si du sang
appara�t, � repositionner l’aiguille avant de poursuivre l’injection
;
- la technique consistant � retirer la seringue, c’est-�-dire,
� introduire l’aiguille et � retirer progressivement la seringue
pendant l’injection.
Pour �viter que la lidoca�ne ait un
effet toxique :
-
utiliser une solution dilu�e ;
-
ajouter de l’�pin�phrine aux injections exc�dant 40 ml
;
-
utiliser la plus petite dose permettant d’obtenir l’effet
recherch� ;
-
ne pas d�passer la dose maximale ;
-
�viter l’injection par voie veineuse.
|
DIAGNOSTIC D’ALLERGIE OU DE REACTION TOXIQUE A LA LIDOCAINE
Tableau P-5
Sympt�mes et signes cliniques d’allergie
et de r�action toxique
|
Allergie |
R�action toxique l�g�re |
R�action
toxique grave |
R�action toxique
mena�ant le pronostic vital (tr�s rare) |
choc
�ryth�me
�ruptions cutan�es/urticaire
bronchospasme
vomissements
maladie du s�rum |
engourdissement des l�vres
et de la langue
go�t m�tallique dans la bouche
vertiges/�tourdissements
bourdonnements d'oreille
vision floue |
somnolence
d�sorientation
contractions musculaires involontaires/tremblements
troubles de l'�locution |
convulsions tonico-cloniques d�pression
respiratoire ou arr�t de la respiration d�pression
ou arr�t cardiaque |
PRISE EN CHARGE DE L’ALLERGIE A LA LIDOCAINE
Administrer 0,5 ml d’�pin�phrine � 1/1 000 en IM et
renouveler l’op�ration toutes les 10 minutes si n�cessaire.
Pour les allergies aigu�s, injecter 100 mg d’hydrocortisone en IV
toutes les heures.
Pour �viter une r�cidive, injecter lentement
50 mg de diph�nhydramine en IM ou en IV, puis administrer 50 mg par
voie orale toutes les 6 h.
Traiter le bronchospasme en injectant
lentement 250 mg d’aminophylline dilu�e dans 10 ml de s�rum
physiologique en IV.
En cas d’œd�me laryng�, il peut �tre
n�cessaire de proc�der imm�diatement � une trach�otomie.
En
cas de choc, entamer la proc�dure habituelle de traitement du choc.
Pour les signes graves ou r�currents, il peut �tre
n�cessaire d’administrer des cortico�des (par exemple, 2 mg d’hydrocortisone
en IV par kg toutes les 4 h jusqu’� ce que l’�tat de la
patiente s’am�liore). Pour les allergies chroniques, administrer
5 mg de prednisone ou 10 mg de prednisolone par voie orale toutes
les 6 h jusqu’� ce que l’�tat de la patiente s’am�liore.
PRISE EN CHARGE DE LA REACTION TOXIQUE A LA LIDOCAINE
Les sympt�mes
et signes de r�action toxique (tableau
P-5) doivent
alerter le praticien qui doit imm�diatement cesser l’injection et
se pr�parer � traiter des effets secondaires graves qui menacent
le pronostic vital de la patiente. Si cette derni�re pr�sente des
sympt�mes ou des signes cliniques de r�action toxique l�g�re,
attendre quelques minutes pour voir si les sympt�mes en question
persistent, v�rifier ses signes vitaux, lui parler et, si possible,
poursuivre l’intervention.
CONVULSIONS
-
Allonger la patiente sur
le c�t� gauche, introduire une sonde dans les voies a�riennes et
aspirer les s�cr�tions.
-
Lui donner de l’oxyg�ne � raison de
6 � 8 litres par minute � l’aide d’un masque ou d’une canule
nasale.
-
Lui injecter 1 � 5 mg de diaz�pam en IV, par doses de 1
mg. R�p�ter l’op�ration si les convulsions reprennent.
Note : L’utilisation
du diaz�pam pour traiter les convulsions est susceptible de
provoquer une d�pression respiratoire.
ARRET RESPIRATOIRE
ARRET CARDIAQUE
-
Hyperventiler la patiente avec de l’oxyg�ne.
-
Lui faire un massage cardiaque.
-
Si elle n’a pas encore accouch�, pratiquer imm�diatement une
c�sarienne sous anesth�sie g�n�rale.
-
Administrer
0,5 ml d’�pin�phrine � 1/10 000 en IV.
REACTION TOXIQUE A L’EPINEPHRINE
-
La r�action toxique syst�mique � l’�pin�phrine est le
r�sultat soit de l’absorption d’une quantit� trop importante d’�pin�phrine,
soit de l’injection intraveineuse accidentelle du produit,
et se manifeste par :
- agitation ;
- transpiration ;
- hypertension ;
- h�morragie c�r�brale ;
- acc�l�ration du rythme cardiaque ;
- fibrillation ventriculaire.
PRINCIPES GENERAUX D’ANESTHESIE ET D’ANALGESIE
- un soutien attentif du personnel avant, pendant et apr�s toute
intervention (ce qui aide la patiente � �tre moins angoiss�e et �
avoir moins mal) ;
- un personnel soignant qui se sente � son aise pour travailler
avec des femmes �veill�es et qui soit form� � utiliser les
instruments avec douceur ;
- un choix appropri� du type et de la quantit� des analg�siques.
- lui expliquer chaque phase de l’intervention avant de commencer
;
- utiliser une pr�m�dication appropri�e dans les cas o� l’intervention
doit durer plus de 30 minutes ;
- administrer des analg�siques ou des s�datifs suffisamment
longtemps avant l’op�ration (30 minutes avant pour les injections
par voie IM et 60 minutes avant pour la m�dication par voie orale) de
mani�re � ce qu’ils fassent pleinement effet au moment de l’intervention;
- utiliser des solutions correctement dilu�es ;
- v�rifier le degr� d’anesth�sie en pin�ant la r�gion
anesth�si�e avec une pince - si la patiente r�agit au
stimulus, attendre 2 minutes puis r�essayer ;
- attendre quelques secondes apr�s chaque �tape pour permettre �
la patiente de se pr�parer � la suivante ;
- faire des gestes lents, sans saccades ni acc�l�rations ;
- manipuler les tissus avec douceur et �viter d’exercer une
traction ou une pression excessives ;
- manipuler les instruments avec
assurance ;
- �viter les affirmations telles que � �a ne fera pas
mal � quand, en fait, ce sera douloureux ; ou encore
� c’est presque termin� � quand ce n’est pas le cas ;
- parler avec la patiente tout au long de l’intervention.
- de l’�tat affectif de la patiente ;
- du type d’intervention (tableau P-6 ci-dessous) ;
- de la dur�e pr�vue de l’intervention ;
- des comp�tences de l’op�rateur et de l’aide du personnel.
Tableau
P-6 Options en mati�res d'analg�sie et d'anesth�sie
ANALGESIE POST-OPERATOIRE
Il est important de bien traiter la douleur apr�s une op�ration.
Une femme qui souffre beaucoup est une femme qui r�cup�re mal.
Note : Eviter d’administrer des s�datifs en trop grande
quantit�, cela r�duirait la mobilit� qui est importante pendant la
p�riode post-op�ratoire.
Les bonnes m�thodes de traitement post-op�ratoire de la douleur
consistent notamment � administrer :
des analg�siques l�gers non opio�des comme le parac�tamol par
doses de 500 mg, par voie orale, selon les besoins ;
des
analg�siques opio�des comme la p�thidine en injection
intramusculaire ou intraveineuse lente, � raison de 1 mg/kg (mais
pas plus de 100 mg), ou la morphine en injection intramusculaire, �
raison de 0,1 mg/kg toutes les 4 h, selon les besoins;
des doses
r�duites d’analg�siques opio�des associ�es � du parac�tamol.
Note : En cas de vomissements, il est possible d’associer des
anti�m�tiques comme la prom�thazine aux analg�siques opio�des,
� raison d’une injection intramusculaire ou intraveineuse de 25
mg toutes les 4 h, selon les besoins.
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